Etre dans ses petits souliers. En l’occurrence être dans ses petits chaussons de blettes. D’aucun trouverait cela incongru mais moi je peux vous dire que je n’ai pas trouvé mieux dans le côté savoureux des souvenirs de vacances.

Certain d’entre vous, pour celles et ceux qui ont la chance de pouvoir le faire, doivent commenter à penser à l’organisation des vacances d’été. Me concernant, je suis en train de lancer des perches à Mr Cook pour savoir où il souhaiterait aller (et qui finalement prendra une décision qui ira fatalement dans mon sens. Vous visualiser le côté vicieux et pervers de la chose?!). Est-ce que nous partirons au Pays Basque ? En Auvergne ? En Bretagne ? En Provence ? Je rêve de partir à la découverte de la Provence. Mr Cook, si tu m’écoutes … !!!

Toutefois, il est un endroit cher à mon cœur et pour qui j’ai eu un véritable coup de foudre. La Corse. Cela fait des années que je n’y suis pas retournée mais le souvenir de mes vacances passées là-bas reste gravé dans ma mémoire. Si mes neurones ne me font pas défaut (le Sauternes d’hier soir est cuvé, ouf), j’y suis allée pour la 1ère fois alors que j’étais en fac de droit. Je me rappellerai toujours du jour où j’ai reçu l’invitation à me rendre sur les terres corses de celle qui deviendrait la Marraine de Mini Cook. Elle avait fait les choses bien, comme à son habitude. Sur un grand parchemin, elle avait dessiné et écrit son île et me proposait de l’accompagner pour quelques jours à l’ombre de sa tonnelle sur les hauteurs du Cap Corse. Vous pouvez aisément imaginer l’excitation qui m’étreignit à cette annonce et ô combien j’étais ravie de cette aventure prochaine.

Je ne fus pas déçue de mon attente. Bien au contraire. Coincée à flanc de montagne, le maquis à perte de vue en contre bas donnant sur la belle Méditerranée, la maison familiale de Mme P est le lieu idéal pour qui souhaite se couper du monde extérieur et profiter du temps qui passe. Alors oui, qui dit « veille maison » dit « entretien » et notamment entretien des parcelles en terrasses. Cela suppose donc aussi, entre deux verres de muscats et une dégustation de lonzu, de prendre sa pioche et son râteau, de mettre son plus beau fichu et son plus moche tee-shirt pour faire kibboutz pendant 3 jours ! Point de contrariété à ce sujet-là car c’était l’occasion de mettre une petite pierre à l’édifice et contribuer ainsi à la sauvegarde de cette demeure. Et puis, la récompense était mille fois plus agréable. Songez un instant au tableau que je vous dresse : une après-midi passée sur un rocher au milieu de l’eau, la mer à perte de vue, se demander à quelle heure sera servie l’apéro sous la tonnelle ou sur la terrasse donnant sur le port (la maison des parents de Mme P), une balade en bateau suivie d’une baignade dans une eau à 28°C que même tu vois tes pieds batifoler comme Muriel Hermine en son temps, un matin à la plage où tu poses ta serviette à côté d’une vache (et non, je n’ai pas fumé les herbes du maquis). Bref, le temps s’écoulait ainsi tout doucement sans feux tricolores et pouet pouet, sans tohue bohue intempestif. Juste le calme et la sensation de se laisser porter par le clapotis du muscat.

Mais il fallait bien songer à repartir et à retrouver le tumulte de la ville. Je ne vous cacherai pas qu’il me fallait bien une semaine après mon retour pour me refaire à la vie trépidante et bruyante de la métropole. En plus des souvenirs laissés par la Méditerranée il était celui laissé par une recette typique de la Corse que j’ai eu le bonheur de goûter: les chaussons aux blettes. Ces chaussons de blettes me ramenant fatalement aux chaussons de viande que je mangeais étant petite en Afrique (mais c’est une autre histoire). J’ai un souvenir ému en me remémorant un chausson tout chaud, tout moelleux rempli d’une farce aux blettes en plein milieu de matinée juste avant de prendre le bateau.

Alors la blette, je vous l’accorde ce n’est pas trop sexy. Soit. Mais la cuisiner est un plaisir car elle se marie en risotto, en gratin, en poêlée, en soupe. Comme le dit l’expression consacrée, les blettes ont du « potentiel ». Le tout, je pense, est de bien les assaisonner pour que leur goût ressorte. A la maison, je dois bien avouer que nous adorons en manger lorsque leur saison bat son plein, c’est-à-dire en ce moment.

Concernant la recette du chausson, de l’abaisse à proprement parlé, j’ai pris celle de Donna Hay dans son dernier livre traduit en français « Les nouveaux classiques« . Il s’agit d’une pâte brisée à chaud, sorte de pâte à choux pour chausson (c’est du moins ce à quoi j’ai pensé lorsque j’ai fait la recette).

Je vous présente donc: Les chaussons aux blettes à la mode Cook N’Tinem (bah oui, n’ayant pas la recette originale, je l’ai faite selon mes souvenirs. Donc, je vous demande votre indulgence. Merci !)

Il vous faudra pour 4 personnes

Pour la pâte brisée à chaud

150 grammes de beurre, coupé en morceaux

180 ml d’eau

1/2 cuillère à café de fleur de sel

375 grammes de farine

Pour la farce aux blettes

Une belle botte de blettes (au moins 5 grandes feuilles de blettes)

30 grammes de beurre

10 ml de bouillon de volaille

1 oignon

1 feuille de laurier

3 branches de thym

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Et comment qu’on fait ?

La pâte brisée à chaud (je reprends mot pour mot la recette de Donna Hay)

« Verser l’eau dans une casserole posée sur feu vif, puis ajouter le beurre et le sel. Porter à ébullition. Couper le feu et réserver. Tamiser la farine dans un cul de poule, creuser un puits au centre. Verser le mélange eau chaude / beurre fondu et amalgamer à l’aide d’une spatule plate pour former une pâte qui se détache des bords du cul de poule. La poser sur une surface farinée et la pétrir jusqu’à ce qu’elle soit souple et élastique. Réserver au réfrigérateur.

La farce aux blettes

Bien laver les blettes. Les tailler en en longues lanières puis en morceaux pas trop gros et uniformes pour qu’ils puissent rentrer dans le chausson et avoir une cuisson homogène (nous gardons le blanc et le vert des blettes)

Eplucher l’oignon et l’émincer finement. Dans une grande sauteuse faire fondre le beurre et faire revenir l’oignon émincé jusqu’à ce qu’il soit tendre.

Ajouter les dés de blettes et bien remuer pour que qu’ils soient imprégnés de l’oignon et de la matière grasse. Ajouter le laurier et le thym et mouiller avec le bouillon de légumes. Cuire tout doucement à l’étouffée jusqu’à ce que les blettes soient tendres. Une fois cuites, les égoutter et bien les essorer pour enlever toute l’eau. Laisser refroidir.

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 Monter les chaussons aux blettes

Préchauffer le four à 180°C

Sortir la pâte brisée et l’étaler sur un plan de travail fariné pour obtenir une abaisse de pâte de 3 mm d’épaisseur. A l’aide d’un emporte-pièce de 95 mm, détailler des ronds de pâte pour avoir au moins 2 chaussons par personne soit 8 ronds de pâte (ne pas hésiter à retravailler la pâte et à l’étaler à nouveau).

A l’aide d’un pinceau, dorer un rond de pâte sur deux avec le jaune d’oeuf additionné d’une CS d’eau. Poser au centre de ce rond une CS de farce aux blettes. Recouvrir ce rond de pâte avec un autre rond de pâte et bien les sceller avec vos doigts. Procéder de la même façon avec les autres ronds de pâte et les déposer sur une plaque à pâtisserie recouverte de papier cuisson.

Toujours à l’aide du pinceau, dorer les chaussons sur le dessus et à l’aide d’une fourchette laisser libre cours à votre imagination pour les dessins (croisillons, pas croisillons… soyez créatifs).

Enfourner pendant 40 minutes en surveillant que les chaussons ne dorent pas trop vite (ne pas hésiter à tourner la plaque).

Servir bien chauds, ou tièdes ou même le lendemain froids.

Avec une salade verte, vous aurez un repas complet.

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Et comment que c’était ?

Dire que ces chaussons aux blettes étaient comme là-bas serait par trop prétentieux. Leur goût, leur texture m’ont cependant comblés en attendant de retourner sur cette Île de Beauté. Juste une chose, penser à bien faire en sorte que l’abaisse ne soit pas trop épaisse pour avoir une cuisson uniforme.

On se dit à très vite !


2 Commentaires » for Quand la douceur des souvenirs de vacances te submergera, mange donc un chausson aux blettes.
  1. La blette : un ingrédient que le comté de Nice raffole ! Super recette qui semble délicieuse ! Continuez ainsi

- Cook N'Tinem, une expérience culinaire sur-mesure, savoureuse et multi-sensorielle -