Chuuuutttt ! Ne surtout pas bouger. Fermer les yeux et rester allongée. Ne pas se faire surprendre. Rester aux aguets, les sens en alerte. Mais c’est tellement difficile. Lasse, tu es lasse après une année de dur labeur, à dévaler des escaliers à n’en plus finir. A te poser mille questions sur ta Vie, tes joies, tes peines. A t’exciter pour un nouveau projet, une nouvelle sollicitation. A déprimer pour une déception, pour ton poids sur la balance.

Alors, après cette année de folle cavalcade, tu as décidé ô truc de dingue de ne rien faire ou si peu. Tu as même écrit un message d’absence, chose que tu n’avais pas fait depuis pfiou 2009, moins quelques rides et cicatrice de césarienne. Tu as dit « Je m’y tiendrai ! Et je le ferai ! » comme d’autres diraient « Je l’aurais un jour ! Je l’aurais ! ». Et bizarrement …. bah tu t’y tiens et c’est ‘achement bien. Parce-que la créativité passe également par le repos et le vin blanc (l’année dernière c’était rosé).

Tu es là, bien installée sur ton transat. Serviette ok. Crème solaire indice 50 ok (tu es un cas typique de truite saumonée). Maillot low cost mais qui sied à tes hanches ok (d’ailleurs, t’es trop fashion car tu verras que sur la plage une autre gonzesse portera le même maillot mais elle sera moins hanchue, la garce). Normalement, tout va bien. Sauf que … il fait chaud. Très chaud. Un léger souffle d’air (chaud lui aussi. Bah oui !) te caresse les bras et les jambes mais voilà que de manière insidieuse la moiteur t’assaille. Tu ne bouges pas. Tu restes en alerte, les sens en éveil. Elle est là, elle perle à l’ourlet de ta bouche, sur la courbure de tes cils, dans le creux de ton décolleté. Si encore il y avait un Sergio, car oui les beaux gosses bronzés pourraient s’appeler « Sergio » à défaut d’Emile qui fait tout de suite moins glamour. Je reprends donc: si encore il y avait un Sergio qui passait par là, tu pourrais l’accepter la moiteur. Mais naaaann ! Y a juste ton voisin de serviette qui te fait le sourire du plombier avec sa canette de Kro en prolongement de sa main. La misère à l’état pur.

La moiteur, telle une chose perverse, t’enveloppe. Elle s’enroule tout autour de toi et resserre ses anneaux tout doucement. Elle t’étouffe, tu es à la limite de la suffocation. Elle te fait sienne. Tu es à moitié vaincue, toi la victime semi consentante (tu n’avais pas qu’à aller faire ta belle en maillot à 14h30. T’as plus l’âge m’enfin). Tu es sur le point de sombrer, tu te laisses glisser vers son abîme, le trou noir te guette quand tout à coup … ! Pulco, pulco Citrooon ! Non mais çà va pas ???!!!!

Tu te calmes ! Je reprends: Tu es sur le point de sombrer, tu te laisses glisser vers son abîme, le trou noir te guette quand tout à coup …. dans un dernier sursaut telle la truite qui se cabre sur l’herbe pour essayer vainement de reprendre son souffle avant d’expirer pour de bon, tu lances un cri « GASPACHO !!!! »

Victoire, danse de la joie avec Justin Timberlake. Le gaspacho te sauvera. La moiteur sera vaincue, elle repartira vers d’autres âmes languissantes et ruisselantes. Elle ne passera plus par toi. Car oui, le gaspacho viendra te désaltérer, te nourrir de l’intérieur. Peu de choses finalement dans la confection de ce gaspacho mais ô combien rafraîchissant.

Tu te lèves donc de ta serviette. Tu décolles tes fesses de ton paréo et avec toute la dignité qu’il te reste tu files te confectionner un gaspacho tout en équilibre mêlant sucré, acidité, croquant, douceur.

Je vous présente donc: Le gaspacho de melon, chantilly au vinaigre d’agrumes et crumble de sarrasin.

cnt-septembre-2016

 

DSC_1478DSC_1478Il vous faut pour 4 personnes

2 petits melons Charentais

Vinaigre de pineau blanc Maison Fleuriet (ou à défaut du vinaigre de cidre)

Huile d’olive extra vierge (ici, celle de Première Matière 18:1 Alexis Muñoz)

125 grammes de farine de sarrasin

62 grammes de beurre demi sel

10 cl de crème liquide entière

Vinaigre aux 3 agrumes Maison Fleuriet (ou à défaut un citron jaune et un citron vert dont vous prélèverez les zestes)

Piment d’Espelette

Graines de sésames

Pluches de cerfeuil

Et comment qu’on fait ?

Tailler les melons en quartiers. A l’aide d’une petite cuillère, ôter les pépins. Prélever la chaire des melons. Mixer la chaire des melons dans un blender jusqu’à obtenir une consistance lisse. Ajouter 2 CS de vinaigre de pineau blanc ou de cidre. Ajouter 3 CS d’huile d’olive. Bien mélanger. Assaisonner selon votre goût et rectifier en vinaigre et huile selon vos préférences. Réserver bien au frais.

Le crumble de sarrasin (peut se préparer la veille ou un jour de pluie car si vous êtes moite … de faire fonctionner le four vous suffoquerez. Sergio ou pas Sergio ah ah !)

Dans un cul de poule, mettre la farine. Ajouter le beurre à température ambiante, taillé en petits dés. Sabler la farine et le beurre du bout de vos doigts. Déposer l’appareil à crumble sur une plaque recouverte d’une feuille de cuisson et faire cuire au four à 150° pendant 15 minutes, le temps que le crumble soit doré.

Laisser refroidir hors du four et réserver.

La chantilly au vinaigre aux 3 agrumes

Entreposer un cul de poule, la crème liquide pendant 10 minutes au congélateur. Les sortir au bout de laps de temps. Monter la crème liquide dans le cul de poule avec un fouet électrique en chantilly. Ajouter 1 CS de vinaigre aux 3 agrumes ou à défaut les zestes du citron jaune et du citron vert. Mélanger délicatement.

Le dressage

Dans un bol ou une assiette creuse, verser du gaspacho bien frais de melon. Déposer joliment de la chantilly aux 3 agrumes et tout autour du crumble de sarrasin. Parsemer de piment d’Espelette, de fleur de sel et de pluche de cerfeuil.

Servir bien frais avec Sergio ou Emile si vous aimez la Kro !

Et comment que c’était ?

Pour tout vous avouer, c’est une recette que je fais pour mes clients en amuse bouche. Avec les températures que nous avons eu cet été, elle a eu un franc succès.

A très vite !

DSC_1490Crédit photos @sandrahygonnenc

Merci au Juliena de nous avoir reçu pour ce shooting en extérieur !


6 Commentaires » for Gaspacho de melon et sa chantilly de vinaigre aux agrumes, crumble sarrasin. Ou quand la moiteur te submerge …
  1. isabelle dit :

    Merci pour ce fou rire, lecture café du matin . . . la plage, Sergio, le mec à la Kro, la moiteur, les images défilent dans mon imagination, je suis écroulée 🙂 Gaspachooooooo !!

    • Cook N'Tinem dit :

      Ah bah Isabelle je suis contente que ma folie ait trouvé une lectrice réceptive 😀 Je t’embrasse, je vais retrouver mes amis dans ma tête !

  2. Isabelle de Lomé dit :

    Rhoooo ! Mais ça fait bien longtemps que je n’ai fait un tour par ici. Et qu’y découvre-je ? Un texte haut en couleurs, pittoresque, qui me plaque un sourire sur les lèvres même si je ne suis pas sur un transat mais à Paris dans une pièce étouffante, et presque je sens la fraicheur du gaspacho couler dans mon gosier asséché. Merci pour cette jolie recette et tranche de vie !

  3. kreen dit :

    Que dire… quelque part, dans notre espace terrien, existe une Miss Stéphanie qui se transforme en Miss Cook’n Tinem.
    L’une ne va pas sans l’autre, attention, et certains l’aiment sous une de ses formes plutôt que l’autre.
    J’ai connu le côté « déjanté » avant de connaître le côté « Maîtresse es bonnes assiettes », et je dois reconnaître aujourd’hui qu’elle a réussi à mixer les deux à la perfection.
    Ne change surtout rien, tu as réussi à me faire aimer la cuisine, ce qui au départ, était loin d’être possible.
    Et je me régale aussi de tes textes… Appel aux éditeurs, ça fera un carton !!!

    • Cook N'Tinem dit :

      Bon ben voilà … j’ai ma minute « tu chiales » grâce à toi. Sérieux !!! Que te dire que tu ne saches déjà si ce n’est que ce côté « déjanté » je l’ai exacerbé grâce à toi, moi la si « douce » miss Stéphanie. Merci de ta confiance, de ton amour (parce que nous deux c’est plus que de l’amitié, c’est sororal), de ton indéfectible soutient. Voilà … j’espère que tu chiales maintenant :o) Je t’adore ma doudou

- Cook N'Tinem, une expérience culinaire sur-mesure, savoureuse et multi-sensorielle -